« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Avec quelque 33 000 kilomètres, la participation à plus de 200 courses[1] et trente ans de journalisme sportif, je croyais bien saisir les tenants et aboutissants du dopage puisque, même au sein des amateurs de mon espèce, il existe des adeptes du « pot belge », sans parler, bien sûr, des athlètes confirmés et professionnels qui n’hésitent pas à braver tous les interdits en la matière avant d’être souvent rattrapés aux contrôles. Je me suis trompé ! En effet, à la lecture de « Dopage » publié aux Éditions « La Boîte à Pandore », l’auteur Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef des excellents magazines « Sport et Vie » et « Zatopek », pratiquant le cyclisme, la course à pied, le football, le tennis et le badminton, ce spécialiste incontesté du dopage ouvre, c’est le cas de le dire, une fameuse boîte à Pandore, c’est-à-dire qu’il donne l’explication de situations désastreuses tant sur les plans de la santé qu’éthique, entre autres.
Dans cet ouvrage, présenté sous l’agréable forme de questions-réponses, défilent les stéroïdes, hormones de croissance, EPO, amphétamines…, des faits avérés (les aveux d’Armstrong), des considérations lourdes de sous-entendus : « C’est bien simple, il n’existe pas aujourd’hui un seul exploit athlétique du passé auquel on peut accorder du crédit sans soupçonner l’usage de stimulants : Beamon, Fangio, Pelé, Zatopek, Ali et tant d’autres. » Il y a, aussi, quelques déclarations ahurissantes. Celles de Coppi qui reconnaît prendre la « Bomba » (mixture d’amphétamines, de caféine et de cocaïne), d’Anquetil qui dit qu’« on ne gagne pas un Tour de France avec un morceau de sucre », sur l’effet placebo, tel ce suppositoire « dopant » confectionné d’un unique bout de gruyère, sur les coureurs de Festina comparés à des « cornues pédalantes », selon un magistrat.
Gageons qu’il y aura une suite à ce livre, avec, par exemple, le cas « Eddy Merckx ». Si l’auteur Gilles Goetghebuer rend hommage au docteur Jean-Pierre de Mondenard comme étant un « grand combattant de la lutte contre le dopage », celui-ci m’avait accordé une interview, ainsi qu’à d’autres confrères, où il clamait haut et fort que « tous les vainqueurs du Tour de France d’après la Dernière Guerre mondiale étaient dopés, exception faite pour Greg LeMond »…
Et puis, autres raisons d’écrire une suite à cet intéressant livre, Lance Armstrong commence, petit à petit, à mouiller bien du monde, dont Johan Bruyneel, son ancien directeur sportif, alors que des rumeurs récurrentes circulent dans le monde du football à la veille du rendez-vous planétaire brésilien et que l’on prétend que la chasse aux tricheurs s’organise avec davantage d’espoir…
[1] 20 Km et Marathon de Bruxelles, Semi-Marathon de Paris, Championnat du Monde de Semi-Marathon, Montées de l’Alpe d’Huez, du Mont Ventoux…
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