« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Le nom « Vianden », ville située dans un site splendide (la Vallée de l’Our), proviendrait du gaulois « vien » qui signifie « rocheux ». Du château (XIe siècle) aux bords de l’Our et aux remparts, c’est une suite de lieux incontournables : l’église des Trinitaires (XIIIe siècle) avec son remarquable cloître gothique, l’Hôtel de Ville datant du XVIIe siècle, l’église Saint-Nicolas (XIIIe siècle) et, bien sûr, la Maison de Victor Hugo où il résida durant son exil de 1871. L’imposant (et magnifiquement restauré depuis quatre décennies) Château de Vianden, construit dès le XIe siècle, repose sur ce qui fut un refuge carolingien et un petit château romain. Au XIXe siècle, cette splendide construction perdit de sa superbe et tombait en ruine. Lisons Victor Hugo à ce propos : « Aujourd’hui, dans son paysage splendide que viendra visiter un jour toute l’Europe (quel visionnaire !), Vianden se compose de deux choses également consolantes et magnifiques : l’une sinistre ruine, l’autre riante, un peuple. »
Elle devint propriété de la famille grand-ducale avant d’être reprise de manière efficace par l’État luxembourgeois. Victor Hugo vint à quatre reprises à Vianden : lors de l’un de ses séjours, il fit descendre ses proches à l’hôtel alors que lui s’établissait dans une maison voisine, proche de l’Our et du pont, et c’est là qu’il écrivit en partie « L’Année Terrible ». En voici quelques passages :
« As-tu donc oublié que ton libérateur, c’est le livre ? »
« Lorsqu’un homme est traqué comme une bête fauve, fût-il mon ennemi, si je le peux, je le sauve. »
« Pourquoi tant de combats, de larmes, de regrets, et tant de tristes choses ;
Et pourquoi Dieu voulut que je fusse un cyprès, quand vous étiez des roses. »
« Je n’ai pas d’ennemis quand ils sont malheureux. »
Fait marquant : le 14 juillet 1871, Victor Hugo dirigea les opérations pour combattre un incendie qui ravageait une dizaine de maisons à toit de chaume situées dans la partie basse de la cité. Il organisa une chaîne humaine de porteurs de seaux d’eau puisée dans l’Our jusqu’au sinistre. Si, neuf ans après ce 14 juillet, la « Fête nationale de la France » fut instaurée en souvenir de la Prise de la Bastille le 14 juillet 1789, c’est, aussi, à Vianden que Victor Hugo, séducteur patenté, vécut une relation amoureuse avec Marie Mercier, une jeune fille de 18 ans, compagne de Maurice Garreau, directeur de la Prison Mazas (maison d’arrêt à Paris où Arthur Rimbaud fut détenu sous le motif d’être un espion prussien !) sous la Commune de Paris, fusillé à la fin de la Semaine sanglante.
Pour la petite histoire, ce fut à Vianden, le 11 août 1871, que Victor Hugo se serait fait arracher sa première dent…
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