« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
« Sauver Paris, c’est plus que sauver la France, c’est sauver le monde » clama Victor Hugo, l’écrivain et poète parmi les plus célèbres de la littérature française.Inutile de préciser que c’est avec beaucoup d’émotion, qu’à plusieurs reprises, j’ai visité sa maison à la place des Vosges, au numéro 6. C’est en 1832, que Victor Hugo emménagea au deuxième étage du vieil hôtel Rohan-Guéménée et y attira le « Tout-Paris » littéraire et de la politique. Dans un salon en damas de soie rouge, on y vit défiler Théophile Gautier, Alfred de Musset, Honoré de Balzac, les Lamartine, Vigny, Nerval, Liszt, Berlioz, Rossini… C’est dans cette demeure de la Place Royale, devenue Place des Vosges, qu’il écrivit quelques-unes de ses plus importantes œuvres : « Marie Tudor », « Ruy Blas », « Les Chants du crépuscule », « Les Voix intérieures », « Les Rayons et les ombres » et, en partie, « Les Misérables », « La légende des siècles », « Contemplations »…
Il devint académicien, pair de France, fut élu député, rencontra Juliette Drouet, maria sa fille Léopoldine à Charles Vacquerie, qui se noieront sept mois plus tard… En parcourant ces lieux illustres, c’est « pénétrer dans un monde intérieur ». Effectivement, on y trouve maints objets chers à Hugo, parfois utilitaires, et puis, il y a des écrits, des photographies, des sculptures, des tableaux… qu’il a regardés, admirés, touchés, déplacés, rejetés.
Parmi les multiples pièces de cette maison-musée, j’ai vu une statue de Bouddha, le pouce et l’index d’une main se touchant par les bouts et cela rappelle le « dharmaçakra », geste rituel de l’hindouisme et du bouddhisme symbolisant une attitude spirituelle. Face à cette statue, Victor Hugo médita-t-il ? Souffrait-il ? Avait-il peur ? De qui ? Pourquoi ? Il quitta la place des Vosges quand, le 24 juin 1848, des balles furent tirées vers sa demeure : « Quatorze balles ont frappé ma porte cochère, onze en dehors, trois en dedans. Un soldat de la ligne a été atteint mortellement dans ma cour. On voit encore la traînée de sang sur les pavés… »
Parmi les nombreux documents originaux présentés, j’ai remarqué que Victor Hugo signa de ses initiales accolées et un « Je t’haïme » qui en dit long sur son parcours affectif et amoureux. Un peu plus loin, j’ai noté trois phrases, parmi des centaines, qui me touchent : « Aimer, c’est agir », « Je suis l’être incliné qui jette ce qu’il pense ; qui demande à la nuit le secret du silence » et « La conscience de l’homme, c’est la pensée de Dieu ».
Un quatrième écrit ne cesse, lui, de m’interpeller :
« Vieillir, sombre déclin ! L’homme est triste le soir ;
Il sent l’accablement de l’œuvre finissante.
On dirait par instants que son âme s’absente. »
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