« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Cinquante pages, au moins, pour raconter dans un détail époustouflant l’arrivée d’un homme, Cardo, se dirigeant vers une maison bien précise dans un village de Haute-Saône. Là, où dans la cuisine, il y avait une vieille immobile et muette, dans des buissons environnants, une fille d’une vingtaine d’années et, dans la cour, Gussa, son frère aîné à la tête de hérisson. Cardo leur dit qu’il venait revoir George Mique, qu’il était déjà venu avec sa femme, qu’elle se trouva mieux mais qu’elle allait de nouveau très mal. Gussa lui dit que George Mique était son père et qu’il était mort. Cardo retourna à sa voiture et y resta prostré sous un soleil de plomb.
Les cinquante premières pages de « Elle qui ne sait pas dire je » écrit par Pierre Pelot et (re)publié aux Éditions Héloïse d’Ormesson, donnent le ton de ce roman stupéfiant, le mot est choisi, car le lecteur peut se sentir plombé par l’atmosphère lourde, pesante, très pesante, lente, extrêmement lente et, tout à la fois, accélérer la lecture afin de découvrir la trame qui s’étire de manière fantastique. Une histoire fabuleuse écrite par un maître de la description, surtout quand il aborde le don mystérieux de la jeune fille qui ne savait pas dire « je ».
Avait-elle hérité du secret de son père ? Celui que des centaines de gens venaient consulter en tant que guérisseur ou, du moins, probable détenteur d’un remède miraculeux. Une étrange situation qui, durant trois cents pages, entraîne le lecteur dans un tourbillon incroyable. Jugez-en : « La mort avait touché le père, mais n’avait pas fait que cela, ni basculé une seule victime : elle avait débordé du cadavre de l’homme pour contaminer partiellement tous ceux qui vivaient sous son toit. »
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