dimanche, décembre 22, 2024

Rapport « Terres et Pouvoirs », ça va chauffer !!!

Dans son nouveau rapport « Terres et pouvoirs » rendu public aujourd’hui, Oxfam affirme que depuis 2001, 227 millions d’hectares ont été vendus, loués ou concédés dans le cadre de transactions foncières à grande échelle et, dans la majorité des cas, par des investisseurs internationaux.

Malgré le manque de transparence entourant ces transactions foncières, des recoupements ont, à ce jour, permis d’établir que 1 100 transactions portent sur un total de 67 millions d’hectares, dont la moitié en Afrique, pour une superficie quasi équivalente à celle de l’Allemagne.

Une partie non négligeable de ces transactions sont en fait des accaparements de terres qui bafouent les droits et besoins des populations locales concernées. Sans consultation préalable, dédommagement ni voie de recours, ces dernières se voient ainsi privées de logement et de terre où cultiver de quoi se nourrir et gagner leur vie.

L’ONG souligne que cette situation risque de se détériorer sous la pression combinée de la demande croissante de denrées alimentaires, de l’accélération du changement climatique, de la raréfaction des ressources en eau, du développement des cultures non alimentaires, telles que les agrocarburants, ou de la spéculation sur le foncier. Près de trois milliards de personnes vivent déjà actuellement dans des régions où la demande en eau dépasse l’offre.

« Malgré les signaux d’alerte envoyés depuis des année, le rythme des transactions foncières est aujourd’hui sans précédent. L’intensification de la concurrence pour les terres agricoles aggravent le sort de nombreuses populations pauvres dans le monde. Cette main basse sur les terres a des conséquences catastrophiques pour les populations locales, et compromet tout développement », souligne Jean-Cyril Dagorn d’Oxfam France.

Le rapport pointe notamment des cas d’accaparements de terres dans cinq pays : en Ouganda, au Sud-Soudan, en Indonésie, au Honduras et au Guatemala. En Ouganda, au moins 22 500 personnes ont ainsi perdu leur toit et leurs terres pour faire place à une compagnie forestière britannique, la New Forests Company [2]. Nombre d’expulsés ont confié à Oxfam avoir été délogés de force et s’être retrouvés sans assez de nourriture ni d’argent pour envoyer leurs enfants à l’école.

« L’arrêt des accaparements de terres doit être une priorité pour les gouvernements, les organisations internationales et les investisseurs. Les réglementations actuelles doivent garantir la consultation et le traitement équitable des populations locales, le respect des normes internationales applicables dans le cadre des négociations foncières des investisseurs », poursuit Jean-Cyril Dagorn.

Les gouvernements ne doivent plus se plier aux volontés des investisseurs et accorder la priorité aux droits existants en matière d’utilisation des sols, sans se limiter à la détention de titres fonciers légaux ou de droits de propriété officiels. Ils doivent en partculier reconnaître l’égalité des droits fonciers des femmes et veiller à ce que tous les investissements agricoles bénéficient aux communautés locales dont la survie dépend de la terre.

Oxfam souligne la nécessité pour la communauté internationale d’adopter au plus vite des standards internationaux contraignants sur la gestion des ressources naturelles. A cette fin, la réunion du Comité de la sécurité alimentaire (CSA) de l’ONU, le mois prochain, à Rome, devra permettre de franchir un premier pas important dans cette direction.

Parmi les recommandations du rapport, Oxfam demande également l’abandon des objectifs de production et de consommation d’agrocarburants, notamment l’objectif de l’Union européenne de parvenir à 10 % d’énergies renouvelables dans le secteur du transport d’ici à 2020.

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