« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Dans une chronique parue il y a plusieurs mois, j’avais dit tout le bien que l’on pouvait penser du premier tome de la trilogie écrite par Sonia Pelletier-Gautier « Le Soufre et l’Encens » aux Editions Pierregord. Un avis partagé par de très nombreux auditeurs et lecteurs de « Fréquence Terre » puisqu’ils l’avaient classée en tête des consultations de « Littérature sans Frontières » lors de notre « Top 10 » de la dernière rentrée littéraire en septembre-octobre.
Mais, avant d’évoquer le deuxième tome, « L’Inquisiteur et la Sorcière », je tiens à souligner la qualité de la présentation de ces ouvrages sur le plan graphique. A partir d’un même document, les trois couvertures sont absolument remarquables et reproduisent l’atmosphère exceptionnelle propre à cette période troublée décrite par des archives historiques.
A ce propos, l’auteure, férue en histoire médiévale, s’est documentée de manière quasiment scientifique et peut donc attester de sources historiques lors de l’élaboration de son ouvrage dont, quand même, une certaine partie relève de l’imaginaire.
Venons-en à ce récit historique.
La jeune Christine, habitante d’une cité alsacienne à la fin du XVe siècle, n’avait pas toujours eu une conduite « exemplaire » aux yeux de certains membres de l’Eglise et d’habitants, alors que d’autres, ou les mêmes, un comble !, n’hésitaient pas à profiter de ses charmes.
Alors, l’Inquisition s’en mêla, la machine à broyer les êtres humains se mit en marche et catalogua la jeune fille de « sorcière » en lieu et place de, disons, « frivole ».
Le vieux curé local n’était pas dupe du manège inquisitorial impitoyable et osa timidement dire qu’il ne pensait pas que les « défaillances » de Christine méritaient la mort.
Bien entendu, ce n’était pas l’avis de l’inquisiteur Bichwiller et de ses sbires ! Des fanatiques ou des pleutres se retranchant derrière des arguments spécieux du style : « C’est Satan qui se cache dans la sorcière et c’est lui que nous atteignons en la faisant avouer, même par la torture » !
Le curé posa quand même une question pleine de sous-entendus : « Cette chasse aux sorcières est-elle la réponse à la décadence morale dans la société ? »
Durant ce temps, l’Eglise promettait des indulgences aux délateurs et à ceux qui émettaient des propos incroyables.
L’inquisiteur Bichwiller, qui faisait croire qu’il était parfois tiraillé par sa conscience, voulait des faits, rien que des faits, disait-il. Alors, quand il n’arrivait pas à ses fins, il faisait user et abuser de ladite torture.
Au fil de la lecture de cet ouvrage magistral, la désolation, la révolte et la rage atteignent le lecteur de plein fouet. Du moins, celui qui n’est pas indifférent à l’injustice et à la cruauté.
Comment des êtres dits humains, les inquisiteurs, se prétendant chrétiens et intelligents purent-ils agir avec autant de barbarie et de mauvaise foi, c’est le cas de le dire ?
Voici un aperçu de ce qu’ils pensaient de la femme : « Elle est l’ennemie de l’amitié, le mal nécessaire, la tentation naturelle, le péril domestique, intrinsèquement faible et inférieure à l’homme, mue uniquement par ses pulsions bestiales
Une femme qui pleure est un mensonge ! »
Comme je ne cesse de le répéter dans certains de mes écrits et émissions : quand l’Eglise va-t-elle réhabiliter les victimes de ces êtres sanguinaires et hypocrites qu’étaient les inquisiteurs ?
Quoi qu’il en soit, « L’Inquisiteur et la Sorcière » est un livre qui devrait être lu et étudié dans tous les milieux catholiques, jusqu’au Vatican-même, selon moi !
La trilogie se termine avec « Le Brasier de l’Imparfaite » dont il sera aussi question dans « Littérature sans Frontières » dans quelques semaines.
Sachez, cependant, que l’on peut-être trahi par un être très proche de soi.
Christine-la-Sorcière en fit la triste expérience
Sachez, aussi, que l’inquisiteur Bichwiller fut hanté par le procès et que ses dilemmes dédouchèrent sur des doutes.
Et, paraît-il, une situation inattendue…
Podcast: Download