« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Bizarre, étrange, parfois fascinant, mais surprenant que ce livre écrit à quatre mains : celles de Rita Monaldi, spécialiste de l’histoire des religions, et de son compagnon Francesco Sorti, musicologue.
« Secretum » aux Editions Pocket est la très longue (1.078 pages !) suite du bestseller « Imprimatur » et nous emmène dans des intrigues, complots, luttes d’influence à Rome en l’an 1700, année du jubilé.
Le personnage central de cette histoire mouvementée et documentée avec méticulosité, est Atto Melani, ecclésiastique, ancien castrat, espion de Louis XIV, qui entretient une étonnante et discrète relation surtout épistolaire avec une dame visiblement au courant de tout ce qui se passe dans l’Empire espagnol.
Coups de poignard (au propre comme au figuré), assassinats, étranges messages (« Cependant, mon amie, soignons la blessure et non l’offense car jamais vengeance ne soigna de plaie »), rencontres secrètes (« Elles ont toujours lieu à la pointe du jour, heure des machinations occultes »), découverte d’une maison particulièrement insolite où l’on lit des dizaines de citations inscrites sur les murs (« A la cour, personne ne jouit plus que les bouffons. Aux champs, le sage contemple mieux et jouit »)
Bref, plus de mille pages (au rythme assez lent et très pointilleux, ce qui est loin d’être un reproche !), dont j’ai choisi deux citations de premier choix : « Pour souffrir, il faut avoir un cur » et « L’absence du bien engendre le mal ».
Incontinent
Particularité de ce roman, j’y ai trouvé des dizaines de fois le terme « incontinent ». Faisant référence au dictionnaire, ce mot signifie : qui n’est pas chaste, qui manque de modération, qui est atteint d’incontinence. Puis, selon ce même dictionnaire, il a une utilisation en littérature du style : « Partir incontinent », ce qui veut dire aussitôt, immédiatement.
Je ne résiste donc pas à vous livrer quelques utilisations de ce terme dans « Secretum » :
. « Je glissai incontinent dans un sommeil pesant
»
. « Il le rassura incontinent
»
. « Les comédiens furent encerclés incontinent par une multitude d’enfants
»
. « Il replia incontinent la feuille
»
. « L’abbé cessa incontinent de lire
»
. « Mais elle vint incontinent au fait
»
. « Je l’avais vu incontinent, et j’avais compris ce qu’il s’apprêtait à faire. »
. « Je volerai incontinent vers toi ! »
L’abondance du terme « incontinent » est étrange et surprenante, mais cet adverbe quelque peu désuet est bien dans la logique de ce roman « où les étoffes chatoient et les conversations vont bon train » dans un monde du Saint-Siège qui bouillonne de milliers d’intrigues
Pierre Guelff.
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