« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Nicolas Rambert est moine à l’abbaye de Saint-Maur. Rien, en principe, ne le prédestinait à pareil engagement.
En effet, cet homme est un pur produit de l’Allemagne hitlérienne, celle qui « inventa » le fameux « Protocole des Sages de Sion » , un faux légendaire évoquant un complot juif.
Tuer père et mère
Hitler, justement, qu’en pense le jeune allemand ?
« J’étais dépourvu de tout esprit critique, endoctriné, fasciné, en particulier par le Führer, ses harangues frénétiques me mettaient en transes ; j’aurais tué père et mère s’il me l’avait ordonné. »
Alors, il participe à des pogroms, à la Nuit de Cristal et autres exécutions et exactions effroyables.
« Ravisseur, assassin, fornicateur », il change plusieurs fois d’identité pour semer ceux qui veulent l’envoyer en enfer.
Et puis, le 15 février 1943, un discours du Führer lui ouvre les yeux : « Et maintenant, peuple, lève-toi, tempête, déchaîne-toi. »
Le futur moine sort de son fanatisme et s’écrie : « C’était exactement ce qui se passait, mais dans un sens inverse aux blatèrements du tyran. Je le vis tel qu’il était : menteur, manipulateur, mégalomane, un dément obsédé par sa propre gloire, indifférent aux souffrances du peuple. »
Ainsi, de prises de conscience en situations haletantes, Willy Deweert emmène le lecteur d’Allemagne en Suisse, en Italie, en France, en Angleterre, aux Etats-Unis
dans un thriller mystique étonnant de rebondissements et d’analyses pointues de l’être humain sous toutes ses facettes.
Questionnements fondamentaux
Et puis, Willy Deweert, sans être pédant ou donneur de leçons, nous distille aussi quelques propos qui poussent à une réflexion profonde :
« Pourquoi le Dieu d’amour tolérait-il le mal absolu ? »
« L’Eglise a trop souvent recours à la culpabilisation comme instrument de chantage. »
« Les desseins de Dieu sont impénétrables. Le slogan de tous les abus. »
Et, cette phrase encore tellement d’actualité : « Dès qu’un salopard exerce le pouvoir, il n’a que l’embarras du choix pour trouver des collaborateurs ».
Croyez-moi, il y en a des « collaborateurs » dans cet ouvrage captivant qui, encore, émet une interrogation lourde de sous-entendus et de conséquences : « Le mal peut-il servir le bien ? »
Pierre Guelff.
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