A une époque où l’écologie ne fait pas encore recette, elle est de tous les voyages de l’exploratrice française Alexandra David-Néel.
Nous sommes en 1924. Après deux ans de voyage et une expédition clandestine de cinq mois à travers les régions mal connues du Tibet oriental, Alexandra David-Néel est la première occidentale à atteindre Lhassa, la capitale du Tibet interdit. Elle est accompagnée de son fils adoptif le lama Yongden, qui la suivra dans ses pérégrinations pendant plus de 40 ans. Ensemble, ils ont surmonté le froid, la faim, jusqu’à l’épuisement
Leur épopée les range parmi les plus grands explorateurs de l’Histoire. À cinquante-six ans, l’exploratrice a parcouru plus de 2000 kilomètres dans de terribles conditions climatiques et géographiques au coeur de l’hiver himalayen. Les aventures qui jalonnent son périple font l’objet de son livre le plus célèbre, Voyage d’une Parisienne à Lhassa, dans lequel elle raconte:
« J’ai vécu pendant plusieurs années, au pied des neiges éternelles, comme dans les solitudes herbeuses de la région des grands lacs, la vie étrange et merveilleuse des anachorètes tibétains ; j’en connais le charme spécial, et tout ce qui s’y rapporte éveille immédiatement mon intérêt… Tandis que mes yeux restaient fixés sur les palais de rocs, une conviction intuitive me venait peu à peu ; quelqu’un vivait là. ».
Ermite, moine, religieux Ils voyagent en solitaire et, comme elle, se laissent bercer par les reliefs. Embarquer sur les traces de cette célèbre aventurière n’est pas simple car rien n’a changé, ou presque, sur le « toit du monde ». Ni l’interdiction d’y pénétrer, ni la difficulté d’y voyager.
Elle apprend le sanskrit, le tibétain, rencontre les plus grands penseurs bouddhistes.
A 69 ans, elle repart pour la Chine où elle est témoin de la guerre sino-japonaise. Lorsqu’elle revient en France elle a 78 ans.
C’est dans sa maison de Digne-les-Bains que cette aventurière au destin exceptionnel écrit ses mémoires après de longues années de périples à travers l’Asie: l’Inde, la Chine et surtout le Tibet. Les écrits d’Alexandra David-Néel sur le Tibet sont parmi les plus rares témoignages sur ce qu’était ce pays avant 1950. Ils sont une empreinte, ils apportent des réponses, donne des indications
Si elle trouve une société isolée ou se pratique encore le servage, elle décrit aussi une société porteuse de pratiques écologiques avant l’heure.
Toujours en quête de savoir et de rencontres, à 100 ans, quelques mois à peine avant sa disparition, Alexandra David-Néel a fait renouveler son passeport, guidée par une seule certitude : « La vérité apprise d’autrui est sans valeur. Seule compte, seule est efficace la vérité que nous découvrons nous-mêmes. »
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