mercredi, octobre 30, 2024

Jean Malaurie

La fonte rapide des glaces des régions nordiques aura un « impact sur la sécurité du Canada ». C’est qui ressort d’un récent rapport canadien rendu public cette semaine.

« Par conséquent, des écosystèmes fragiles et uniques seront assujettis à de nouvelles agressions ». Le rapport en mentionne plusieurs, dont la fonte du pergélisol et de la glace marine.

Au-delà des territoires canadiens, les régions nordiques sont en danger.

Lancée dans 52 pays, la campagne L’Appel des Pôles collecte les témoignages de politiques, scientifiques, photographes et aventuriers engagés dans la protection des régions polaires, l’Arctique ou l’Antarctique. Comme le Professeur français Jean Malaurie, éminent naturaliste, historien et grand explorateur.

Il est le premier Français et le deuxième homme au monde à avoir atteint le Pôle géomagnétique Nord. Il a aussi dirigé une trentaine de missions en solitaire avec les Inuits au Grand Nord canadien, au Groenland et en Alaska.

Né en Mayence en 1922, Jean Malaurie a partagé la vie des Inuits au moment où leur société archaïque était soumise au choc de la modernité. Il en a tiré un livre devenu célèbre et le plus diffusé au monde sur le peuple Inuit : les Derniers Rois de Thulé. Il est le premier ouvrage de la célèbre collection Terre Humaine créée par Jean Malaurie.

Il raconte : « Voyageant seul, j’ai vécu plusieurs mois avec les Inuit, et comme les Inuit. On allait à la chasse, à la pêche ensemble. On partageait la soupe au sang. Peu à peu, ils ont cessé de se méfier et m’ont adopté. Ils pressentaient que leur société ancestrale était menacée et ont compris que je pourrais devenir en quelque sorte leur secrétaire, leur témoin irréfutable, leur avocat. Le plus dur fut de les amener à s’intéresser à eux-mêmes. »

Hivernage de l’auteur dans la nuit polaire, chasse au morse… Le Documentaire sur Les derniers rois de Thulé retrace aussi le sauvetage très périlleux d’un groupe Inuit en perdition dans les glaces auquel Jean Malaurie a participé, également la vie intense dans les iglous de neige ou de pierre où l’on assiste le soir au couchage des Inuit sur la plate-forme commune.

Jean Malaurie devient en 1948 à 26 ans, géographe aux Expéditions polaires françaises de Paul-Emile Victor sur la côte ouest du Groenland. Il a été nommé à la première et seule chaire de l’enseignement supérieur français sur l’Arctique et a fondé avec Fernand Braudel, le prestigieux Centre d’études arctiques du CNRS / Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales en 1957.

Depuis 1994, il est Président de l’Académie Polaire à Saint-Pétersbourg qui forme les cadres supérieurs autochtones sibériens, et président du Fonds Polaire Jean Malaurie.

Le 17 juillet 2007, Jean Malaurie était nommé à l’unanimité Ambassadeur de bonne volonté des régions polaires arctiques pour l’Unesco. Une haute distinction qui récompense des décennies d’études et de combat pour la préservation du milieu polaire arctique et de ses habitants. Jean Malaurie rappelait alors que « les régions arctiques et antarctiques vont connaître des transformations fondamentales. Du pétrole et du gaz ont été découverts dans l’Arctique. Je vous laisse imaginer ce qui se passera si des méthaniers coulent en Alaska, dans le passage du Nord-Ouest ou au large du Groenland. Ce serait un drame aux conséquences mondiales. L’Arctique et l’Antarctique obligent l’homme à avoir une morale internationale ».

Vous pouvez retrouvez cette chronique sur www.frequenceterre.com

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