C’est dans la nuit du 29 au 30 mai que les pays de l’union européenne ont trouvé un accord pour une nouvelle politique commune des pêches, après 3 ans de négociations, de rencontres, et de discussions.
Si cet accord a été salué comme un véritable espoir, il n’en demeure pas moins questionnable.
Vous le savez sans nul doute la surpêche en Europe est un fléau. Bien que L’Union européenne soit la troisième puissance de pêche mondiale derrière la Chine et le Pérou, ses ressources déclinent: 47% des stocks de poissons en Atlantique et 80% en Méditerranée sont affectés par la surpêche.
La pêche est en crise depuis longtemps. Mais le problème n’est pas que les quotas soient trop petits ou que le gasoil soit trop cher… Le problème vient de la conception de la pêche, organisée pour “l’augmentation de la production”. Or, on ne produit pas le poisson, on le capture, on le prélève donc sur un stock existant limité.
Et l’une des conséquences ce sont les prises accessoires, c’est-à-dire les poissons capturés n’ayant aucune valeur commerciale pour les pêcheurs, qui sont rejetés à la mer.
Ces poissons-là ne sont pas comptabilisés dans les statistiques de capture, ce qui rend difficiles la gestion et le dénombrement des populations de poissons, entrainant des captures toujours plus élevées, qu’il ne serait souhaitable pour éviter l’épuisement des populations de poissons. Ces captures accessoires sont également une destruction systématique du milieu marin, qui est encouragée, puisqu’aucune mesure incitative n’existe pour les éviter. Aujourd’hui ces captures accessoires représentent environ 25% des captures, chiffre variable selon les pêcheries.
C’est là que l’accord obtenu en cette fin de mai dernier prend son sens.
Le compromis obtenu difficilement prévoit de limiter à 5% la quantité des poissons non commercialisables pouvant être rejetés par-dessus bord, soit trop petits, abîmés ou soit hors quotas. Désormais 95% des poissons pêchés devront être débarqués par les pêcheurs.
Ceci ravira les scientifiques qui affineront leurs comptages de populations, mais surtout devrait inciter les pêcheurs à davantage de sélectivité. Et surtout cela facilitera et donnera un avantage aux pêcheries artisanales, beaucoup plus sélectives, et dont la gestion est plus responsable.
Autre décision positive à suivre : à chaque état devra analyser sa flotte de bateaux pour diminuer la pression de pêche, c’est-à-dire le nombre de bateaux et leur capacité, là où cela s’avère nécessaire.
Si ces décisions sont des victoires pour les partisans des préservations des océans, on peut s’interroger néanmoins sur le passage à l’acte :
– Un compromis à 5% demandera un contrôle beaucoup plus difficile à exercer qu’une interdiction totale
– Aucune échéance précise n’a été donnée pour la reconstitution des populations de poissons affectés par la surpêche.
– Les grands pays pêcheurs, devant L’éternel dont la France, se sont surtout illustrés par des manœuvres systématiquement bloquantes, pour retirer un profit de court terme, et contre l’intérêt général.
Alors cet accord, un vœu pieu ou un véritable changement de cap. À suivre, car bien souvent le diable se cache dans les détails de mise en œuvre !