La recherche avance à pas de géants dans le domaine des biocarburants
des canadiens ont réussi à faire voler pour la première fois dans l’histoire de l’aviation civile un avion avec du biocarburant pur dans son réservoir.
A la fin du mois d’octobre, le Falcon 20 du Centre National de Recherches Canada (CNRC) a relié Montréal à Ottawa en une heure et demie. Il était propulsé par un carburant issue de l’oléagineuse Brassica carinata, aussi appelée moutarde d’Abyssinie.
Le Falcon 20 était talonné durant son parcours par un avion renifleur doté de capteurs pour prélever des échantillons de gaz d’échappement de ses réacteurs. Dans quelques semaines nous saurons qui de la moutarde ou du kérosène émet le plus de CO2.
Néanmoins, si on ne sait pas encore si les émissions de ce carburant à la moutarde sont moins polluantes, quid de sa fabrication ? Quelles sont les conséquences écologiques de la production agricole de ce moutardo-carburant ?
En effet, dans le débat actuel les écologistes condamnent les biocarburants dits de première génération. Pour faire simple, c’est possible de produire des biocarburants avec un champ de colza, par exemple. Mais si ce champ peut servir à l’alimentation humaine ou à celle du bétail, il sera mal vu que ce champ de colza soit utilisé pour la production de carburant. Et d’autant plus si cela entraîne une déforestation.
Dans quelle configuration se trouve-t-on vis-à-vis de la moutarde canadienne qui nous intéresse aujourd’hui ?
Pour cette nouvelle expérimentation, les industriels expliquent que c’est une variété spéciale de la graine de moutarde qui est utilisée. Elle est cultivée dans des sols semi-arides quasiment inexploitables par les agriculteurs, dans la région des Prairies, dans l’ouest du Canada. . « Ces terres ne sont pas suffisamment fertiles pour la production alimentaire » a déclaré l’un des industriels Steven Fabijanski, PDG de Agrisoma Biosciences.
Par ailleurs, pour que ce carburant trouve des débouchés, il faut qu’il y ait d’autres avantages que le respect de l’environnement à l’utiliser, cela passe aussi par le côté commercial de l’affaire. Connaît-on le prix du futur moutardo-carburant ?
Pas encore. L’un des ingénieurs de la firme américaine ARA explique que dans quelques années si le produit marche bien il pourrait s’aligner sur le prix du kérosène. Autre argument positif, techniquement les avions n’auront pas besoin de modifications de leurs réservoirs pour pouvoir l’utiliser.
Pour conclure, je vous rappelle qu’en octobre 2011, Air France avait fait voler entre Toulouse et Paris un Airbus utilisant un mélange de kérosène et de biocarburant obtenu à partir d’huiles usagées. Aujourd’hui la donne a changé : désormais la voie est ouverte aux avions aux biocarburants purs.
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