mercredi, novembre 27, 2024

Les filles de Roz-Kelenn d’Hervé Jaouen (Pocket)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

Née en Bretagne en 1892, Isabelle en a vécu des moments exceptionnels dont celui, entre autres, d’avoir été tôt orpheline de père et de mère, d’avoir mendié en compagnie de sa sœur afin de ne pas mourir de faim, d’avoir été honteusement exploitée dans une ferme, d’avoir trouvé le bonheur dans un mariage heureux avec François…

À la force du poignet, le couple géra une ferme avant que le jeune homme ne soit envoyé à la guerre.

Isabelle accoucha de jumeaux, un garçon et une fille, prénommés François et Jeannette, mais leur père ne survécut pas aux gaz mortels lancés par les Allemands.

La douleur d’Isabelle fut trop vive : « s’être sortie de la misère pour connaître une misère pire encore, c’était injuste et insupportable », précise Hervé Jaouen dans son remarquable roman « Les filles de Roz-Kelenn » (Pocket).

Alors, Isabelle quitta la Bretagne avec ses enfants et prit la gérance d’un bateau-lavoir en Touraine. Elle devint même patronne d’une dizaine de lavandières qui lavaient, repassaient et pliaient le linge des nantis.

L’argent rentra à flots !

Une douzaine d’années plus tard, elle revint en Bretagne et récupéra la ferme où elle avait connu le bonheur avec son mari et elle acheta aussi des terres.

Son fils la seconda dans son entreprise, mais il n’était guère apprécié des travailleurs tant il était dur, voire violent.

Comment allait-il se comporter avec les maquisards qui harcelaient les Allemands en 1944 ? Son mariage avec la gentille Adelice serait-il heureux, elle qui lui donnera trois filles alors qu’il espérait des garçons ? Pourrait-il supporter le caractère bien trempé de sa sœur ? Resterait-il lié à sa mère ? Entendrait-il ses commis le traiter de « saleté de patron » et « d’emmerdeur » ? Accepterait-il la révolte de sa fille ainée, qui l’appelait le « vieux con » et « ordure » ?

Tout ce monde finira-t-il par se réconcilier alors que « les jours paressent et que les années galopent » ?

L’ouvrage d’Hervé Jaouen est un roman de terroir poignant où la puissance des caractères n’efface pas celle de certains sentiments…

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