Les records de 1973 ou 1989 ne sont encore pas atteints, mais les signaux d’alerte sont déjà visibles : la sécheresse pointe son nez progressivement.
C’est le message lancé par la première Commission de suivi hydrologique de l’année. Elle vient de dresser le bilan météorologique et hydrologique de ces dernières semaines et de l’hiver 2012. Bassin par bassin, elle a pu faire un point très précis de l’état des cours d’eau et des nappes phréatiques.
Et le constat est clair : les nappes phréatiques ne se sont pas assez rechargées cet hiver
C’est le déficit pluviométrique important constaté sur les trois premiers mois de l’année qui est en cause
une sécheresse hivernale qui fait suite à un automne 2011 déjà très sec sur la quasi totalité du territoire. Seules, les régions méditerranéennes avaient recueilli une quantité d’eau très proche de la normale, voir légèrement supérieure.
S’il n’y a rien d’alarmant, le déficit pluviométrique de cet automne et de cet hiver reste préoccupant. Il est de 25% par rapport à la normale. Cela reste dans des niveaux comparables à 1990 ou 2005
Mais sans atteindre donc les records de 1973, à 28% ou de 1989 à 29%.
Toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne La moitié ouest du pays connaît la situation la plus problématique et notamment le quart sud-ouest. Le déficit pluviométrique y est proche des records des 50 dernières années. La région Midi-Pyrénées, par exemple, atteint un déficit de précipitations de 35%.
Si rien n’est encore totalement joué pour l’été qui s’annonce, le constat dressé par la commission de suivi est préoccupant. Car, rappelons le, c’est en hiver que les nappes se rechargent. C’est à cette période que l’on recense les pluies dites « efficaces », qui permettent de remettre à flot ces réserves naturelles et de remonter le niveau des cours d’eau.
Les nappes phréatiques qui présentent un niveau inférieur à la normale, peuvent constituer une menace pour tous les usagers : industriels, agriculteurs, collectivités, et particuliers.
Il faudra donc suivre avec intérêt ce que nous réserve la météo pour les semaines qui viennent pour savoir si le retard pris ces derniers mois pourra être en partie comblé. Si les précipitations printanières et estivales sont suffisantes, elles pourront alors limiter les conséquences de ce déficit pluviométrique accumulé.
La vigilance des services de l’Etat est donc mise à contribution pour les mois qui viennent. L’évolution de la situation est observée afin que soient prises toutes les mesures de restriction ou de limitation des usages de l’eau qui se révéleraient nécessaires.
Les mesures de limitation des prélèvements sont progressives et adaptées aux différents usagers.
Ainsi coté particuliers, ce sont les usages domestiques qui sont à surveiller : arrosage des pelouses, lavage des voitures, ou remplissage des piscines sont à limiter.
Le monde agricole peut localement être soumis à des restrictions en diminuant la fréquence d’irrigation. L’activité des industries peut aussi être surveillée et se voir imposer une réduction progressive d’activité.
Plusieurs départements sont déjà en état d’alerte ou de crise, comme la Vienne qui le restera jusqu’au moins de juin, ou l’Eure et Loir, jusqu’en octobre. Et cinq départements connaissent ponctuellement des zones d’arrêt des prélèvements, dernier niveau d’alerte comme les Deux Sèvres ou les Charentes Maritimes qui le resteront jusqu’en juin.
– Pour savoir en détail si vous êtes dans une zone soumise à une vigilance, une alerte, une crise ou sous le coup d’arrêt de prélèvements, le site Propulvia est à votre disposition Il vous permet de consulter les différents arrêtés de restriction d’eau.
* La commission de suivi hydrologique, qui rassemble des usagers de l’eau, des élus, des membres de comité de bassins, et des experts, se réunit dès que la situation hydrologique l’impose.
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