« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
« Du domaine des Murmures », couronné par le Prix Goncourt des Lycéens, est un étrange, violent et troublant roman, mais écrit de manière raffinée par Caroline Martinez chez Gallimard.
C’est, à la fois, l’histoire terrifiante et tellement humaine d’Esclarmonde, une adolescente vivant à la fin du XIIe siècle et qui désire ardemment se consacrer à Dieu.
Néanmoins, son père, châtelain, veuf et ayant perdu plusieurs de ses enfants, décide de la marier à Lothaire, un chevalier sans foi ni loi, fils du seigneur de Montfaucon.
Le jour de ses noces, au lieu de clamer le traditionnel et obligatoire « oui », la jeune fille se tranche une oreille en pleine cérémonie nuptiale sous les yeux ébahis des invités et, même, de l’archevêque venu bénir cette union.
Alors que le sang se répand sur le dallage de l’édifice sacré, un agneau fait son apparition : « C’est un miracle ! » conclut l’ecclésiastique en voyant l’animal se diriger vers Esclarmonde. Une attitude prise comme une sorte d’accord céleste à la volonté de ne s’unir qu’au Christ.
Une Esclarmonde qui va jusqu’à réclamer d’être recluse et, ainsi, terminer son existence en communion avec Dieu, quand bien même elle a été violée avant de rejoindre son « reclusoir » où une tombe a été creusée à ses dimensions.
Mais, dans sa retraite située près du chur d’une chapelle, elle n’est pas seule. Elle suit les offices par un petit orifice donnant dans la nef et elle reçoit beaucoup de confidences de gens qui l’implorent de prier pour leur salut, entre autres des pèlerins en route vers Compostelle.
Elle est là, posée comme une borne à la croisée des mondes, explique l’auteure.
Et puis, cela bouge dans le ventre d’Esclarmonde et, croyez-moi, on sort sérieusement « secoué » par la lecture de pareil ouvrage ! Mais, tout le monde arrivera-t-il au bout de ce récit dantesque ?
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