La qualité de l’air est un enjeu de santé publique majeur.
Affections et insuffisances respiratoires, maladies cardio-vasculaires, asthme, cancers, les impacts sanitaires de la pollution de l’air sont nombreux.
Les effets sur l’environnement sont aussi bien réels, comme les pluies acides, perturbation des écosystèmes aquatiques et terrestres ou la diminution de la croissance chez les végétaux.
En France, l’exposition aux particules fines causerait 42 000 morts chaque année, de maladies cardio¬vasculaires, respiratoires et de cancers. Elle serait responsable de 30% des allergies respiratoires.
Afin de rendre l’air de nos grandes villes plus respirable, le gouvernement va donc interdire certaines zones urbaines aux véhicules les plus polluants.
Paris, Saint-Denis, Clermont-Ferrand, Nice, Grenoble, Lyon, Aix en Provence et Bordeaux : ces 8 agglomérations expérimenteront ainsi à partir de l’été 2012 les ZAPA, les zones d’actions prioritaires pour l’air. Dans ces zones, la circulation des voitures trop polluantes y sera interdite.
La mise en place de ces zones, qui s’inscrit dans la loi Grenelle II, doit permettre de réduire les émissions de particules et d’oxydes d’azote dans les centres urbains les plus polluées.
L’initiative gouvernementale s’appuie sur les recommandations de [l’ADEME>http://www2.ademe.fr/servlet/getDoc?id=11433&m=3&cid=96]. L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, qui finance entre autres des recherches pour mieux cerner les polluants de l’air et leur impact sur l’environnement, est aussi en charge d’imaginer des plans d’actions pour lutter contre ces polluants.
L’agence s’est inspirée notamment de ce qui se fait chez nos voisins européens.
Des zones similaires à ce qui va se faire France existent déjà dans 8 pays. L’Autriche, la République Tchèque, le Danemark, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni ont instauré depuis plusieurs années des LEZ, Low Emission Zone, comprenez zones de faibles émissions.
Ce sont près de 180 villes européennes qui ont fait le choix d’instaurer des restrictions de circulation, soit sur un quartier, soit sur une ville entière. A Londres, par exemple, c’est quasiment toute la ville qui est concernée par le zonage.
Faire respecter ces zones sera l’un des défis à relever pour les promoteurs de l’idée. Dans la capitale britannique par exemple, c’est un système de vidéosurveillance qui est capable de lire les plaques d’immatriculation pour les comparer ensuite avec un fichier où est listé le niveau d’émission de particules.
En Allemagne, en revanche, où pas moins de 35 villes ont mis en place les zones, ce sont les policiers qui effectuent des contrôles visuels sur les voitures équipé de petites vignettes.
Quelque soit l’étendue de la zone ou le mode de contrôle, la mise en place de ces zones de restrictions automobiles ont permis d’améliorer la qualité de l’air. Par endroits, les émissions de dioxyde de carbone ont diminué de 10%, et les émissions de particules fines de 40%. Des résultats encourageants qui ont donc poussé la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, à créer les ZAPA françaises.
La mise en place de ces zones en France génère tout de même quelques scepticismes. Les Verts, par la voix de Denis Baupin, adjoint chargé du développement durable à la mairie de Paris, regrette que les ZAPA, telles qu’elles ont été envisagées, ne concernent que deux polluants, le dioxyde d’azote et les particules, et oublie de prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre. Il remarque également que les véhicules récents les plus puissants, gros consommateurs d’énergie fossile, comme les 4×4, échapperaient aux restrictions.
Les professionnels de la route s’inquiètent aussi du projet. Certains chauffeurs livreurs notamment craignent de ne plus pouvoir accéder à leur lieu de travail, faute de pouvoir troquer leurs véhicules dépassé par des modèles plus récents mais trop couteux.
Pour les mêmes raisons, ce sont les citadins les plus modestes qui auront le plus à subir la mesure environnementale, et notamment ceux travaillant en ville et habitant en périphérie.
Lorsque les transports en communs ne sont pas adaptés, difficile de faire l’impasse sur son véhicule. C’est l’une des réserves émises par l’Association des Maires de s Grandes Villes de France, [l’AMGVF>http://www.grandesvilles.org/], qui, si elle accueille favorablement la mise en place des ZAPA, tient tout de même à préciser que la mesure doit être accompagnée d’une extension des transports en commun au service des populations concernées.
C’est d’ailleurs là-dessus que les expériences européennes doivent être regardées. Les dispositifs mis en place s’inscrivent dans un cadre d’actions plus larges permettant de développer les modes de transports alternatifs, que ce soit pour les passagers que pour les marchandises.
Développer le transport collectif et les modes de déplacements alternatifs pour laisser son véhicule au garage
Une idée qui chemine et qui influerait positivement sur la qualité de l’air.
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