Le déficit de pluviométrie que connait actuellement la France fait craindre une forte sécheresse pour les mois à venir.
La Commission de suivi hydrologique, appelé aussi Comité sécheresse, qui s’est tenue à la mi-mai, a fait un bilan très précis de la situation.
Les données dévoilées montrent que les précipitations sont déficitaires par rapport aux normales saisonnières sur la majeure partie du pays. Pour le seul mois d’avril, les pluies n’ont atteint que 29 % de ces valeurs références.
Les fortes chaleurs ont par ailleurs considérablement asséché les sols ; les deux tiers des nappes présentant un niveau inférieur à la normale. Une situation qui constitue une menace pour tous les usagers : industriels, agriculteurs, collectivités, et particuliers.
A la mi-mai, ce sont 28 départements qui avaient déjà pris des arrêtés de limitation ou de suspension des usages de l’eau. Car il faut adapter les prélèvements aux débits des cours d’eau et aux niveaux des nappes.
Ces nappes phréatiques, ainsi que l’état superficiel des sols sont les deux paramètres à surveiller de près.
Les nappes se rechargent de septembre à mars quand la végétation est au repos et l’évaporation faible. S’il pleut moins que la normale pendant cette période, ce qui a été le cas cette année, les nappes s’assèchent. 58% des nappes étaient déficitaires début avril. La proportion était de 68% début mai.
Les zones les plus critiques sont la Picardie et le Nord Pas-de-Calais, le Centre, le Limousin et Poitou-Charentes, ainsi qu’une zone qui va de la Franche-Comté au nord des Alpes.
En surface, les sols, eux, sont secs sur tout le territoire. L’indice d’humidité est à un niveau jamais atteint depuis 1959, date des premiers relevés de référence. C’est l’état dans lequel ils sont normalement en plein mois de juillet.
Car si les sols étaient gorgés d’eau début mars, l’absence de précipitation depuis, conjugué à de fortes températures a favorisé l’évaporation de ce surplus d’humidité.
La faible couverture neigeuse des massifs montagneux ne peut contribuer non plus à combler les réserves d’eau.
La quantité d’eau stockée dans le manteau neigeux est très inférieure à la moyenne des simulations de la période 1995-2006 sur pratiquement l’ensemble des massifs.
© Laurent Mignaux Ministère du Développement durable
Ainsi la sécheresse qui se profile de plus en plus cette année est à comparer avec d’autres années particulièrement sèches, et notamment 1976. Cette année là, si la période de recharge hivernale a été nettement plus déficitaire, le manque de précipitations et les températures étaient moins critiques qu’aujourd’hui. En 1976, la sécheresse des sols n’étaient apparue qu’au mois de juin.
La sécheresse 2011 est donc particulièrement précoce.
2003 avait été également particulièrement chaud et sec en début d’année, pour atteindre des températures caniculaires en été. La situation hydrique des sols n’étant revenue normale qu’au milieu de l’automne.
Enfin, le début de 2005 avait aussi été marqué par des précipitations très faibles. Mais le mois d’avril, très pluvieux, avait permit de ré humidifier les sols.
Lors de ce comité sécheresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l’écologie, a donc lancé deux outils pour améliorer la gestion des périodes de sécheresse : de nouvelles cartes de mesures des restrictions, plus précises et plus réactives, afin d’avoir une vision en temps réel de la situation en cas de sécheresse ; et une clarification du dispositif à engager en cas de situation de crise, pour une action plus rapide et plus efficace.
Pas de pluie, des températures élevées, le manque d’eau se fait donc cruellement sentir. Il faut irriguer et aller puiser dans les eaux souterraines, elles-mêmes déficitaires. De quoi être inquiet pour les semaines qui viennent, d’autant que les prévisions de Météo France ne sont guère encourageantes.
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