Le beau temps qui règne sur la France depuis plusieurs semaines est source de bonne humeur pour un grand nombre de français. La météo plus que clémente réjouit les vacanciers du mois d’avril. Les plages ont des airs d’été, certains en profitent pour commencer leur bronzage estival et les vêtements chauds ont déjà été remisés au grenier pour laisser la place aux tee-shirts et aux débardeurs.
Seulement ce ciel sans nuage n’a pas que des avantages. Le déficit pluviométrique commence à avoir des conséquences non négligeables sur l’état des nappes phréatiques françaises. La sécheresse pointe son nez dans plusieurs régions.
Environ 58% des réservoirs d’eau affichent un niveau inférieur à la normale. C’est le cas sur la plus grande partie du Bassin Parisien ainsi que dans le Sud-Ouest. Plusieurs nappes aquifères sont touchées comme celle de Beauce, du Lutétien et du Champigny en Ile-de-France ou encore les nappes du bassin de la Garonne en Midi-Pyrénées. Cette situation est le résultat de plusieurs années de déficit pluviométrique.
Etat des nappes phréatiques – Avril 2011
Ces nappes, utiles pour irriguer les cultures au printemps et en été, se rechargent principalement entre les mois de septembre et de mars, grâce à ce que l’on appelle les pluies efficaces, c’est à dire les pluies suffisamment importantes pour pénétrer dans le sol et alimenter les nappes et cours d’eau pendant les mois d’automne et d’hiver, lorsque la végétation est au repos
Or, il n’a pas assez plu ces derniers mois pour assurer correctement la recharge de ces nappes phréatiques. La situation des niveaux de nappe est ainsi globalement assez perturbée sur certaines régions comme par exemple l’Aquitaine, la Bretagne, et le Centre, en raison de ce déficit pluviométrique.
Par rapport à la normale, le mois de mars 2011 affiche des cumuls de précipitations déficitaires au nord d’une ligne Biarritz-Strasbourg et sur les Alpes du Nord, avec des déficits supérieurs à 75% par endroits.
Depuis le mois de septembre 2010, début de l’année hydrologique, les cumuls de précipitations relevés sont déficitaires sur tout le territoire par rapport aux normales de saison. Seuls le pourtour méditerranéen, la Corse et l’est du Massif central échappent à cette pénurie. La pluviométrie y affiche un excédent atteignant au moins une fois et demi la normale.
Précipitations – Septembre 2010 à Mars 2011
Cette situation particulière a amené les préfets de 8 départements à prendre d’ores et déjà des arrêtés de restriction d’eau. Sont ainsi concernés la Charente, la Charente Maritime, le Cher, la Nièvre, la Seine et Marne, les Deux Sèvres, la Vienne et le Val de Marne. L’Essonne est également vigilante et pourrait prendre les mêmes mesures.
Si les niveaux de restrictions sont différents selon les régions et les nappes concernées, elles ne visent pour l’instant que les agriculteurs. L’irrigation des cultures doit être limitée au strict nécessaire. Dans les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime par exemple, l’irrigation des champs est interdite entre 10h et 19h, sauf pour les cultures maraîchères.
Mais il faut s’attendre à ce que les particuliers observent les mêmes consignes si la situation ne s’améliore pas.
Le Bureau de Recherche Géologique et Minière (BRGM), qui publie régulièrement ses études sur le niveau des nappes d’eau souterraine en France, reste inquiet. Il estime cette situation préoccupante à une saison où les besoins en eau augmentent.
Dans ce contexte, le Comité national de suivi de la sécheresse, qui se tient normalement au début de l’été, devrait avancer sa première réunion au début du mois de mai afin de prendre la mesure de la pénurie et de définir les actions urgentes à mettre en place pour faire face à une éventuelle sécheresse
En attendant la pluie !…
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